Pas seulement Grazia Deledda
Pas seulement Grazia Deledda - Daniela Spoto 2023, © CCIAA NU

Pas seulement Grazia Deledda

Nuoro détient toujours un record national : la ville a donné naissance à la seule femme lauréate du prix Nobel de littérature, Grazia Deledda, en 1926. Cela en dit peut-être long sur les mécanismes d'attribution de ce prestigieux prix international, mais n'enlève rien à la grandeur de Grazia Deledda et à son rôle dans la culture italienne du XXe siècle.

Grazia Deledda a ouvert la voie et a inspiré des générations de romanciers de la région de Nuoro au cours du XXe siècle : de Salvatore Cambosu à Salvatore Satta, de Bachisio Zizi à Maria Giacobbe.

C'est un héritage culturel qui perdure jusqu'à nos jours : certains des principaux représentants de la Nouvelle Vogue Sarde, souvent publiés au début par la maison d'édition Il Maestrale, point de référence pour la littérature contemporaine au niveau national, viennent de Nuoro ou de ses alentours.

Marcello Fois (Nuoro, 1960) est une présence vigilante dans le paysage intellectuel insulaire et national : il fait ses débuts en 1992 avec Ferro recente (Un silence de fer) et Picta (Prix Italo Calvino) et publie, six ans plus tard en 1998, Sempre Caro, le premier volet d'une trilogie comprenant également Sangue dal cielo (Sang du ciel, 1999) et L'altro mondo (Les Hordes du vent, 2002), avec pour protagoniste Sebastiano Satta, dans une histoire romancée qui transcende le genre noir pour restituer un portrait de Nuoro entre le XIXe et le XXe siècle. Écrivain récompensé à plusieurs reprises, poète, essayiste et dramaturge (il est l'auteur de la pièce Quasi Grazia, en 2016, interprétée par Michela Murgia), Fois est également l'un des fondateurs, aux côtés de Giulio Angioni, Giorgio Todde et Michela Murgia, de l'Isola delle Storie, un important festival littéraire de Gavoi.

Salvatore Niffoi (Orani, 1950) fait ses débuts en 1997 avec Collodoro, un roman qui annonce déjà la spécificité de son style, basé sur un mélange de sarde et d'italien. En 2006, il remporte le prix Campiello avec La Vedova Scalza (La Veuve aux pieds nus), une histoire d'amour débordante se déroulant dans une Sardaigne archaïque, vindicative et mystérieuse, qui servira également de toile de fond à ses œuvres ultérieures.

Elvira Serra (1972), plume appréciée du Corriere della Sera, s'est également lancée dans la voie du roman : du premier L'Altra. Storia di un'amante (2014) jusqu'au plus récent Tutto da vivere (2021), Serra raconte des histoires de vie avec une écriture délicate, attentive aux émotions et à la caractérisation psychologique de ses personnages.

Parmi les nouvelles figures de la littérature de la région de Nuoro, on trouve Giovanni Gusai (1987), qui remporte en 2017 le prix Giulio Angioni avec une nouvelle intitulée Metallo Pesante, puis publie les romans Come in cielo, così in mare (2021) et Il bordo del mondo (2023). Il s'agit ici de la vie dans la périphérie, celle du quartier Predistràda à Nuoro, où les destins et les expériences des personnages s'entrelacent dans un récit choral d'une grande intensité.